Point de vue - Mieux comprendre la relation entre lien social et alimentation : retour sur l’étude de Margot Dyen
« L’alimentation permet de créer du lien social »… Voilà une idée qui se répand ! Or, des études menées à l’Institut Paul Bocuse et financées par l’action sociale AG2R La Mondiale montrent que mettre les gens ensemble autour de la cuisine ou d’un repas (si bon soit-il) n’est pas suffisant. Quelles sont les conditions à réunir pour que le repas partagé soit véritablement source de bien-être et de lien ? Pour répondre à ces questions, Margot Dyen s'est intéressée à deux structures associatives lyonnaises, Les Petites Cantines et la Ka’Fête aux Mômes. Deux parfaits cas d'étude qui ont à cœur de tisser des liens entre les habitants autour de la table.
Un rapport riche en enseignements…
Premier constat, les convives ont tous en commun une forme de recherche d'appartenance : toutes et tous éprouvent le besoin d'appartenir à quelque chose. Lorsqu’on pousse la porte des Petites Cantines, on vient avant tout nourrir le besoin d'appartenance à un projet, un collectif, à la recherche d’un sentiment d’utilité.
Par le faire faire et le faire ensemble, deux concepts au cœur de notre ADN, par l'attribution de rôles clairs même pour quelques instants, pendant la cuisine, à table ou au-dessus d’un évier, ce sentiment d’utilité prend corps et vient répondre à un besoin profond.
Un sentiment d’utilité qui permet de se faire du bien à soi-même en faisant attention aux autres, en apportant à un projet auquel nous croyons, au projet de société porté par Les Petites Cantines. Nous participons toutes et tous, en tant que communauté, au même projet.
Deuxième constat, la recherche d'altérité.
Qu'il s'agisse de personnes ou d'habitudes, il y a, aux Petites Cantines, l’idée d’un lieu refuge qui offre aux convives de nouveaux horizons. Un lieu différent de son quotidien, où la rencontre de l'autre est toujours possible, où son altérité comme celle des autres convives seraient naturellement acceptées.
...Et en pistes de réflexion
Si le repas est un moyen efficace pour rassembler les convives, échanger, l'alimentation est aussi et avant tout une source de plaisir. L'aliment (et plus particulièrement l'alimentation durable) génère le sentiment de prendre soin de soi et des autres et exprime des valeurs, rassemble des communautés qui pensent et mangent pareil. La cuisine est un moyen fort de s'impliquer, de faire et de faire faire et d'aller vers l'autre. C'est un moyen très fort d'inviter l'autre à participer à quelque chose de concret, à son niveau, avec ses compétences et son savoir. Être utile, pour soi et pour les autres, s'aider les uns les autres.
Si l’étude permet de valider les intuitions qui ont mené à la création des Petites Cantines et met en avant les bienfaits du modèle par sa capacité à générer le sentiment de prendre soin de soi des autres, à rassembler et créer des liens entre convives en recherche d’altérité et aux attentes variées, il nous met en également en garde : il est essentiel de créer un environnement de confiance et d'équivalence.
Grâce à des "règles du jeu" très claires en cantine, une dose d'humour et une attention toute particulière portée à l'accueil des convives, l'objectif des Petites Cantines est de créer les conditions idéales pour accepter l'altérité et éviter toutes les tensions que la découverte de l'autre, au sens large, pourrait engendrer.
À n'en pas douter, le chantier Qu'on vive lancé il y a quelques mois, porté par l'équipe support et les Maître·sses de maison y attachera une grande importance !